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La supervision

Mar 5, 2024 | Biographe

Écrire est certes une activité a priori solitaire. Sauf lorsque l’on est biographe. Parce que l’histoire que l’on tisse nous est donnée par autrui, et qu’elle n’est pas issue de notre imagination. D’office, nous sommes deux : celui qui (se) raconte, celui qui écoute. Et pour ce dernier, il est parfois utile de faire appel à un tiers pour prendre du recul ou simplement pour faire part de ce qui s’est passé pour soi.

Entendre un peu plus que des mots

Entendre dévoiler des secrets qui impactent la personne mais aussi sa famille, entendre relater un événement tragique, voire une description détaillée de celui-ci, ou même les violences subies étant enfant ou même adulte a nécessairement un retentissement sur la personne que je suis, au-delà de mon professionnalisme.

D’autant que je passe par la retranscription pour être rendre le plus fidèlement possible ce que le biographé me raconte. Les mots utilisés, précisément, mais aussi la manière de dire, le phrasé, les silences… et bien entendu, je revis à l’écoute les émotions de la personne, et les miennes.

C’est pourquoi il est important d’avoir un lieu où déposer tout cela.

La supervision aussi pour les biographes.

Mon métier de biographe relève de fait du champ de l’accompagnement des personnes, avec ses richesses… et ses limites. La matière que je travaille, c’est le récit de vie d’autrui. Comme dans un cabinet de psychologue, la parole se donne dans un lieu et un lien de confiance. Mais en tant que biographe, je n’ai aucune volonté d’apporter une solution thérapeutique. Je me contente de récolter des faits, mais aussi beaucoup d’émotions. C’est dans ce cadre que je dois être attentive à ce que cela génère en moi, et pour l’autre.

Je ne suis pas outillée de connaissances et de compétences en psychologie pour accompagner les personnes dans un traitement spécifique de leur histoire. (Et c’est très bien comme ça car ce n’est pas ce qu’elles recherchent, ni ce que je propose !).

Mes clients ont besoin de moi pour écrire leur histoire de vie, une période particulière.

Et ce sont ces compétences-là que je mets à leur service.

Cependant, pour pouvoir le faire dans les meilleures conditions, j’ai parfois besoin d’avoir un regard extérieur. Ce professionnel neutre et bienveillant peut entendre à son tour les émotions que ces récits qu’on me livre génèrent chez moi : je fais donc appel pour cela à un superviseur.

Mais… et la confidentialité ?!!

La charte du Syndicat National des prestataires de conseil en écriture (SNPCE) à laquelle que souscrit indique au point 3. 

Devoir de confidentialité
Qu’il y ait ou non conclusion de contrat entre un PCE et un client, personne physique ou morale, le PCE est tenu de ne divulguer aucune information reçue lors des entretiens, ni l’utiliser de façon indue à des fins personnelles.

Lors des échanges avec mon superviseur, je reste dans le cadre professionnel. Je ne donne pas de noms, pas de prénoms sinon modifiés. C’est « un monsieur », « une dame » ou « ce client/cette cliente » et je parle essentiellement de moi, de ce que l’évènement ou la situation génère. Cet espace de parole n’est pas « le café du commerce » ! Je me dois simplement de raconter ce qui me traverse afin de trouver une solution pour être au mieux avec une situation. Prendre soin de ma posture professionnelle me permet ainsi de fournir la meilleure prestation professionnelle possible à mon/ma client.e.

C’est aussi dans cet esprit que je m’entoure de collègues qui sont en recherche constante d’amélioration de leurs pratiques professionnelles.

Un réseau de professionnels engagés

Quand une personne recherche un artisan qualifié pour bricoler chez elle, elle regarde sa notoriété, les certificats professionnels qu’il affiche. Pourquoi ne pas faire de même pour un biographe ?

Et de mon côté, ne pas rester seule face à mes questionnements est à mon sens essentiel. C’est l’une des raisons de mon inscription dans des collectifs de professionnels, comme l’association Biographicus, le réseau biographes.fr ou ma coopérative d’activités Graines de SOL. Travailler en collectif, c’est s’offrir la possibilité d’échanges constructifs – ou déconstrutifs, d’apprendre des expériences des un.es et des autres… Et puis se faire épauler en cas de coup dur !  

 

En conclusion

La supervision émerge comme un élément incontournable dans la boîte à outils du biographe moderne. En naviguant dans l’intimité des autres, la supervision offre un phare qui guide le professionnel de l’écriture à travers les défis éthiques, émotionnels, et professionnels, garantissant ainsi que chaque histoire soit traitée avec la délicatesse et le respect qu’elle mérite.

 

 

Contacts

Oullins / Métropole de Lyon

06 25 41 43 36

helie.becot@gmail.com

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