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Vérité et histoire, retour d’expérience

Sep 13, 2022 | Biographe

Se poser la question de la vérité lorsqu’on travaille sur l’histoire d’une vie peut paraître déplacé. En effet, lorsque la personne sollicite un biographe pour l’accompagner, elle déroule les faits qu’elle a vécus. Il y a des témoins, d’autres protagonistes que le narrateur, des lieux, des photographies parfois, pour preuve de ce qu’elle avance. Et pourquoi donc remettre tout cela en cause ?


Une histoire qui sonne faux…

À vrai dire, cela ne m’arrive pas si souvent de me demander ce qui est vrai dans l’histoire qu’on me raconte[1]. Cependant avec Mme B. quelque chose m’a gênée rapidement au cours de nos échanges. Il me fallait l’aider à écrire un récit qui sonnait faux… Qu’à cela ne tienne, je me suis engagée et sa démarche, sa quête autobiographique, n’ont pas à être jugé à l’aune de mon ressenti. Les approximations, les tâtonnements ou les doutes sur le déroulement d’un événement, je connais – le biographe est un enquêteur ! – et je suis là pour aider à élucider ou à aider à mettre en forme…

Il se trouve que j’aime les histoires de vie, les expériences du passé, les souvenirs, même imparfaits, tronqués, ou difficiles parce qu’ils portent témoignages d’un parcours qui a existé. Histoire et vérité sont donc intimement liées ! Et la mémoire fait le pont entre les deux. Mais quand elle fait défaut ? Est-ce à dire que la vérité n’est plus ? Ou que l’histoire est tronquée ? Cependant, là n’est pas le problème avec Madame B… il réside plutôt dans l’objectif de son livre et de sa publication. Elle a donc arrêté notre collaboration quand mes questions montraient les incohérences et révélaient… la fiction ? Autant j’aime la lire, autant je n’en écris pas – sauf bien entendu, si cela fait partie d’un projet d’écriture d’une biographie romancée.

…source d’apprentissage

De fait, j’ai découvert grâce à cette malheureuse aventure combien il est important de bien cerner le projet au départ. Lors du premier entretien, je cherche les motivations de la demande, quelles sont les attentes en termes de rendu et de style. Certaines personnes ont une idée bien définie du livre qu’elles veulent écrire, d’autres qui sont inquiètes : mon rôle de professionnelle de l’écriture, c’est aussi de les conseiller, de leur proposer une voie qui soit la plus adaptée à leur voix !

Ce projet avorté avec Mme B. m’a permis une prise de conscience sur ce qui m’intéresse fondamentalement dans l’accompagnement à l’écriture biographique : la transmission. La vérité d’une vie à révéler, à mettre en lumière. Que les mots écrits fixent les valeurs, la richesse d’une personne, son parcours de vie unique et sincère : chacun fait comme il peut et c’est énorme. À chaque récit, j’apprends et j’ai envie que le récit apprenne au lecteur. En cela, je rejoins à ma manière Paul Ricœur : « L’objet de l’histoire, c’est le sujet humain lui-même[2] ».

 

 

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[1] Sauf à vivre une expérience à la Sorj Chalandon dans son roman La Légende de nos pères. À lire absolument !

[2] Objectivité et subjectivité en histoire, Histoire et vérité, p. 23-44

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Crédit photo : Unsplash / Jordane Mathieu

 

 

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